Sharenting : pourquoi les pros de l’intime doivent parler du partage de photos d’enfants sur les réseaux


Introduction

Le sharenting — contraction de « sharing » et « parenting » — désigne la pratique de partager des photos ou des informations sur ses enfants sur les réseaux sociaux. Si cela peut sembler attendrissant ou anodin, cette habitude soulève de vrais enjeux de sécurité, d’éthique et de respect de l’intimité.

Pour les professionnel·les de la parentalité, de l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, ou encore de l’accompagnement thérapeutique, il est essentiel d’intégrer cette question dans nos messages de prévention.

Pourquoi parler du sharenting quand on est sexologue ou éducateur·ice à la vie affective et sexuelle ?

Notre rôle, en tant que professionnel·les de l’intime, est d’accompagner les individus à mieux se connaître, se respecter, et poser leurs limites. On parle au quotidien de consentement, de vie privée, de respect du corps et de construction de soi.

Comment transmettre ces valeurs si, dès leur naissance, les enfants sont exposés publiquement sans possibilité de choix ? Parler de sharenting, c’est défendre la cohérence entre nos discours et nos pratiques.

Les risques concrets du sharenting pour les enfants

Voici les principales raisons pour lesquelles cette pratique peut représenter un danger :

1. Atteinte à la vie privée

Les enfants n’ont pas la possibilité de donner leur accord. Pourtant, leurs images circulent parfois sur des plateformes publiques, accessibles à tout le monde. Cela constitue une exposition non choisie et difficilement réversible.

2. Risque d’usurpation d’identité

Les informations partagées peuvent servir à créer de faux profils, alimenter des arnaques, voire être utilisées dans des contextes malveillants.

3. Réutilisation dans des contextes inappropriés

Des images d’enfants peuvent être récupérées et détournées, y compris à des fins pédopornographiques. Les réseaux sociaux n’offrent aucune garantie sur la destination finale des contenus publiés.

4. Risques de harcèlement ou de moqueries

Ce qui est jugé mignon à 3 ans peut devenir source de honte ou de moquerie à 13. De nombreux ados vivent mal la découverte de leur « identité numérique » construite par leurs parents sans leur accord.

5. Impact sur la construction de soi

Grandir en sachant que des moments d’intimité ont été exposés à grande échelle peut nuire à l’estime de soi et au sentiment de contrôle sur son image.

Pourquoi en parler sur les réseaux sociaux en tant que professionnel·le de l’intime ?

Parce que la prévention passe aussi par notre présence en ligne. Les familles, les parents, les jeunes nous lisent. Et nos contenus peuvent faire réfléchir, informer, proposer des alternatives.

En prenant position sur le sharenting, tu :

  • contribues à sensibiliser les parents à l’importance du respect de la vie privée des enfants ;
  • participes à protéger les enfants dès leur plus jeune âge ;
  • ouvres des espaces de dialogue sur des sujets encore peu abordés ;
  • renforces l’éthique de ton accompagnement professionnel.

C’est aussi une façon de rappeler que l’intimité ne se résume pas à la sexualité : elle commence par la possibilité de choisir ce qu’on partage ou non de soi.

Comment aborder le sujet sans culpabiliser les parents ?

Il ne s’agit pas de juger ou de pointer du doigt. La plupart des parents postent des photos par amour ou fierté. Mais on peut proposer un autre regard.

Quelques pistes pour en parler sans culpabilisation :

  • Proposer des alternatives : poster une photo de dos, flouter le visage, utiliser un pseudonyme…
  • Poser des questions ouvertes : « Et si votre enfant tombait sur cette photo dans dix ans, que ressentirait-il ? »
  • Encourager la discussion en famille autour de l’image, du corps, de l’intimité numérique.

Quelques idées de contenus à publier

Si tu veux aborder le sharenting de manière pédagogique et accessible, voici quelques idées de formats :

  • Un carrousel Instagram : « Cinq questions à se poser avant de publier une photo de son enfant »
  • Un article ou une infographie : « Le sharenting, c’est quoi ? Pourquoi c’est un sujet d’éthique pour les pros de l’intime »
  • Un quiz en story : « Consentement numérique : vous êtes au point ? »
  • Une vidéo ou un reel : « Pourquoi je ne montre jamais mes enfants en ligne (et ce n’est pas par peur du regard des autres) »

Conclusion : l’intime, ce n’est pas que la sexualité

Parler d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, c’est aussi défendre le droit à l’intimité, dès l’enfance. En tant que sexologue, éducateur·ice, coach ou thérapeute, aborder la question du sharenting est une forme de cohérence et de responsabilité éthique.

L’intimité se construit aussi par le respect de l’image, du corps, du silence, du secret. Et cela commence très tôt. En parler, c’est aussi protéger.

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